Présence initiale au Canada
Bien que les Chinois étaient présents, pour la plupart dans la côte ouest, sur le territoire du Canada lorsqu’il est devenu un pays en 1867, ces changements politiques n’ont pas signifié grand-chose pour eux ou pour leur statut en tant qu’étrangers. Ils sont restés assujettis aux règles de l’administration coloniale de la Colombie-Britannique jusqu’en 1871, lorsque cette colonie britannique est devenue une province canadienne.
Les travailleurs manuels chinois qui œuvraient aux chemins de fer, d’abord aux Etats-Unis au chemin de fer Central Pacific puis entre 1881 et 1885 au Chemin de fer Canadien Pacifique, se faisaient souvent dire qu’ils auraient « la chance d’un Chinois » de survivre au dangereux travail impliqué, particulièrement s’ils devaient s’occuper de la manipulation des explosifs utilisés pour faire sauter des roches pour ouvrir la voie au chemin de fer.
Cependant, l’utilisation de l’expression « la chance d’un Chinois » dans le cadre de l’histoire du droit et de la législation au Canada a eu l’impact le plus profond sur le développement de l’identité et de la communauté Sino-canadienne.
« La chance d’un Chinois »
L’expression « la chance d’un Chinois » pourrait avoir ses origines dans une décision marquante prise par la Cour suprême de la Californie en 1854, dans laquelle un homme blanc a été acquitté, suite à un appel, d’avoir tué un homme chinois.
Le cas, nommé People v. Hall, a soutenu que la condamnation de George W. Hall, décrit par la Cour comme « un citoyen blanc libre », pour le meurtre d’un minier chinois nommé Ling Sing, avait été erronée car des témoins chinois avaient témoigné contre l’accusé. À l’époque, la législation de la Californie en matière de procédures au criminel établissait qu’« aucune personne noire ou mulâtre, ou indienne, ne sera autorisée à déposer en faveur ou à l’encontre d’un homme blanc. » De plus, il était établi que le terme « indien » incluait toute personne de la race mongole et que « noir » signifiait toute personne qui ne soit pas blanche.
Clairement, les Chinois n’avaient pas de statut sous la loi de l’époque, qui a dénié l’accès à la Cour aux témoins chinois du meurtre de Ling Sing, créant « la chance d’un Chinois », ou rien du tout, pour tous les Chinois devant les tribunaux. La violence commise par des blancs à l’encontre des Chinois ne pouvait pas être poursuivie sous la loi.
La décision dans le cas People v. Hall a laissé les Chinois dans un vide juridique : sans statut pour entreprendre des procédures judiciaires, ils ne pouvaient pas affirmer quelque droit ou demande que ce soit devant les tribunaux. La décision a instauré les mécanismes d’injustice qui devaient régler les situations lorsque des Chinois étaient impliqués.
Cette existence sans protection de la loi au sud de la frontière allait poursuivre également les Chinois qui entamaient le chemin de la ruée vers l’or dans le nord, jusqu’à la Vallée de la rivière Fraser en Colombie-Britannique. Les Chinois restaient ségrégués de la société blanche, autant dans les villes et villages que dans les camps de travail manuel et des mines, même si leur nombre était plus petit et qu’il ne comportait pas une menace pour les Européens.