Des rêves ternis
Pour de nombreux immigrants chinois au Canada, et pour des générations de membres de leur famille qui les ont suivis ou qui sont nées ici, le droit et les lois adoptées par les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux ont terni le rêve de Gum San, « La Montagne d’or ».
Les premiers immigrants chinois faisaient face à un ensemble différent et discriminatoire de lois dont le but était de les décourager de s’établir au Canada.
Les plus extrêmes parmi ces lois – les Taxes d’entrée imposées aux Chinois et la Loi d’exclusion des Chinois – sont aujourd’hui des taches bien connues dans l’histoire et la réputation du Canada comme un pays qui valorise le multiculturalisme et qui respecte la diversité. Ces dernières valeurs, cependant, n’ont été reflétées dans la législation ou dans le cadre juridique du Canada que jusqu’à des années relativement récentes.
Beverly McLachlin, la Juge en chef de la Cour suprême du Canada, a identifié trois phases majeures dans le développement du droit canadien, dont la première commence dans notre passé colonial et s’étend largement jusqu’à la mi-20ème siècle, caractérisée « par l’exclusion et la subordination flagrantes ». Mme la juge McLachlin identifie une deuxième phase qui s’ensuit et culmine avec la Charte canadienne des droits et libertés en 1982, une période « dominée par le but de ‘l’égalité d’opportunités.’ » La troisième phase, actuelle, est marquée par « le droit qui cherche dans les faits à renforcer l’égalité et la dignité de tout individu. »
La description offerte par Mme la juge McLachlin reste en deçà de tout commentaire au sujet d’une éventuelle capacité inhérente au droit lui-même de s’auto-corriger pour répondre à des situations d’inéquité historiques ou courantes. De fait, la Cour suprême s’est montrée incapable de répondre à des injustices commises dans le passé lorsque les Sino-canadiens lui ont demandé, en décembre 2002, de se prononcer sur la réparation et le dédommagement pour la Taxe d’entrée.
Du point de vue des Canadiens chinois, les victoires les plus importantes, dans leur lutte pour les droits civils au Canada, qui aient mené vers des changements substantiels ont été presque entièrement le fruit de leur propre militantisme. La communauté sino-canadienne, caractérisée par des générations successives d’immigrants et comprenant des citoyens naturalisés et ceux nés au Canada, a fait l’objet d’un haut degré de discrimination légalisée.