Les Sino-canadiens se prononcent
La réparation pour la Taxe d’entrée et la Loi d’exclusion des Chinois est devenue un thème électoral qui a surpris plusieurs. Les médias de langue chinoise, qui comprennent quatre quotidiens principaux desservant une majorité d’immigrants récents dans une communauté forte de 1.3 millions de personnes, soulevaient la question constamment auprès des candidats.
Dans une entrevue exclusive avec le Premier ministre Paul Martin le 5 décembre 2005, Simon Li, personnalité et animateur d’émission radio, a demandé inlassablement au Premier ministre pourquoi il n’offrirait pas des excuses directes aux Canadiens chinois pour plus de 60 ans de racisme enchâssé dans les loisà l’encontre des Chinois.
Entre-temps, des militants ont développé une stratégie médiatique pour l’ensemble du pays en vue de gagner le soutien de tous les Canadiens pour des excuses et une réparation, sur la base des valeurs multiculturelles et des antécédents en matière de droits de la personne du Canada. L’Internet a offert la possibilité de communiquer avec les médias d’autres communautés ethnoculturelles et avec les médias majoritaires de langues anglaise et française pour disséminer des messages autour de la question.
La campagne médiatique a eu une influence sur les politiciens. Le Premier ministre Paul Martin a commencé à revenir sur ses pas concernant sa position de « pas d’excuses ». Même le NCCC a changé son discours sur la question. Et des candidats libéraux clés, dont David Emerson et Ujjal Dosanjh à Vancouver, se sont positionnés contre la ligne de leur parti et ont appelé à une discussion plus ouverte avec toutes les parties intéressées à la réparation. Jack Layton, leaderdu Nouveau parti démocratique, a déclaré qu’il soutiendrait l’offre d’excuses et la réparation.
Une opportunité politique
Le 23 janvier 2006, les Canadiens ont élu un gouvernement minoritaire conservateur sous le leadership du Premier ministre Stephen Harper, qui a vite agi pour respecter sa promesse d’offrir des excuses et une réparation. Il a réitéré son engagement et il l’a même mentionné dans le cadre du Discours du Trône.
Harper a donné des instructions à son gouvernement pour qu’il tienne des consultations à travers le pays avec les Canadiens chinois, et il a encore entendu les histoires déchirantes de personnes âgées ayant payé la taxe d’entrée, leurs épouses et familles. La Ministre du Patrimoine, Bev Oda, qui faisait partie du Comité permanent du Patrimoine pendant la session parlementaire précédente (et qui avait soutenu le Projet de loi C-333), et le Secrétaire parlementaire du Premier ministre pour le Multiculturalisme, Jason Kenney, ont tenu des consultations avec des Sino-canadiens dans les grandes villes à travers le Canada.
La communauté y a répondu en racontant ses vécus. On a commencé à chercher des personnes âgées ayant payé la taxe d’entrée et leurs épouses qui, par arithmétique simple, devaient avoir autour de 85 ans ou plus à l’époque. Le gouvernement a poursuivi ses consultations, essayant d’apaiser le NCCC et de réengager le CCNC, qui demandait une compensation financière comme partie intégrante de tout paquet de redressement. Bien qu’il y ait eu des points de vue divergents autour du montant de la compensation et des types de réclamants qui devraient en bénéficier, il y avait un accord général autour de l’exigence que le Parlement offre des excuses aux Canadiens d’origine chinoise.